Fred Kitty est DJ & autrice-compositrice-interprète. Elle a sorti son premier single “Insane” en 2017 puis son EP en 2020. Elle propose un univers électro-feutré, introspectif sur des textes en anglais. Totalement artiste indépendante, Fred Skitty avait cet EP prêt à sortir dans ses tiroirs depuis presque deux ans. C’est finalement, contre toute attente, que le premier confinement de 2020 l’a poussé à le dévoiler au public. Elle nous raconte comment les trois années qui ont séparé ses deux sorties lui ont permis d’en apprendre davantage sur l’industrie musicale, et de devenir plus sereine et autonome.
Ainsi elle s’interroge :
- Pourquoi avoir redouté la sortie de son projet ?
- Quels étaient les blocages ?
- Quelles étaient les étapes ?
- Quel a été le déclic ?
Des questions qui concernent, à un moment ou à un autre, tous.tes les artistes.
Bonne écoute ! 🎧
Retranscription de l’épisode
Quelles sont les questions que se posent un.e artiste en créant son projet et sa musique ? À quoi pense-t-il.elle quel est leur quotidien ? Nous sommes lors de cet épisode dans la tête de Fred Skitty !
Je m’appelle Fred Skitty. Je suis auteure compositrice et interprète. J’ai sorti mon premier single “Insane” en septembre 2017 et j’ai attendu trois ans entre la sortie de mon single et la sortie de mon EP.
“Insane” ça a été l’officialisation de mon projet j’ai beaucoup appris pendant ces trois ans. Concernant mon ep je l’ai terminé en mai 2018. Il restait deux trois trucs à fignoler, mais il était là. J’avais hâte de partager mes morceaux, mais je crois qu’au fond je trouvais ça un peu prématuré je me trouvais pas assez armés pour défendre ce disque.
C’est vrai que ces deux dernières années ont été déterminantes parce que j’ai eu l’occasion d’en apprendre beaucoup sur l’industrie musicale sur son fonctionnement, etc.
Je suis Gardoise à la base. Je ne suis pas une fille de la ville. Je suis autodidacte. Je n’ai pas grandi dans ces milieux-là. Je ne dis pas qu’aujourd’hui j’ai acquis une expérience colossale, mais j’ai acquis des choses qui font qu’aujourd’hui je sais mieux où je vais et surtout je suis beaucoup plus sereine, plus solide et autonome. Pour moi c’est indispensable.
Il y a aussi une notion de lâcher-prise qui est énorme dans le fait de sortir un disque. Un projet comme un disque c’est un projet dans lequel on a mis tout ce qu’on avait donc forcément on voudrait que tout soit parfait. J’étais tiraillée entre l’idée de proposer quelque chose en me disant qu’il fallait bien commencer quelque part et en même temps j’avais cette idée de toujours devoir faire mieux et d’attendre le bon moment. Je n’étais jamais prête entre les aspects techniques et les barrières que je mettais j’en voyais jamais le bout.
J’ai fantasmé cette sortie pendant des mois en l’imaginant de X façons. Et puis quand tout a été prêt, quand enfin j’ai été sûre de moi, j’avais fixé une date pour l’année 2020.
C’était le 27 mars 2020. Je me sentais enfin prête. J’avais organisé une soirée de lancement. J’avais tout prévu, sauf une pandémie. Évidemment, je me souviens m’être dit à ce moment-là: “ OK donc après toutes ces barrières que tu t’es mises maintenant il y a un cas de force majeure qui éclate c’est pas possible c’est quoi ton problème.”
Même si évidemment ça on y pense 30 secondes, parce que c’est très égoïste et qu’on est très vite rattrapé par la gravité de la situation. Et l’idée de repousser encore une fois m’a traversé l’esprit et c’est ce que j’ai fait d’ailleurs. Parce que j’avoue que pendant le mois de mars j’ai eu un petit moment de remise en question. Je ne savais plus quoi penser si bien que le jour J est arrivé et que je me suis rendu compte qu’il fallait quand même que je repense à certaines choses. Je n’étais pas encore prête. J’ai choisi de repousser la sortie une nouvelle fois et puis la date du 10 mai m’est venue à l’esprit.
C’est une date qui m’est chère. C’était l’anniversaire de mon grand-père. Mon grand-père a toujours été très présent. Il m’a toujours soutenu. Je lui dois beaucoup. Et l’idée de pouvoir lui rendre hommage par ce biais-là me tenait vraiment à cœur. Alors certes ça tombait un dimanche, veille de déconfinement s’étaient peut-être pas la meilleure date, mais au fond de moi je savais que c’était cette date-là ou rien.
Et puis on était dans un tel climat que j’ai senti une espèce d’urgence, je me suis dit : “ aller c’est maintenant ou jamais !” Ce qui a fait que pendant cette période complètement improbable j’ai fait la chose la plus importante de mon existence.
Je me souviens ce jour-là. Il pleuvait. Et je me souviens qu’en regardant la pluie par la fenêtre je me suis dit que j’avais gagné. Enfin.
